Françoise Hélène BROU
Critique d’art.

La rhétorique de la réduction

Les oeuvres de BH Desrousseaux présentent une graphie aux traits fins et élancés, qui esquisse, trace, gratte plus qu’elle n’écrit. Cette grammaire visuelle se décline en motifs simples se fondant dans la transparence subtile des lavis et des jus de couleurs. La perspective est abandonnée rompant tout géométrisme au profit de compositions dépourvues de centre, pour mieux affirmer la planéité de la toile. Dans ces espaces déstructurés, le geste se révèle alors comme ingrédient à part entière du tableau.

Jamais illustratif, l’artiste soulève moins la question du « que peindre » que celle du « comment peindre » idée chère aux expressionnistes abstrait et avec laquelle on glisse subrepticement du signifié vers le signifiant, de la figure, au figural. La question des contenus est pourtant prégnante, mais distillée, au sens chimique du terme, dans une rhétorique de la réduction.

L’artiste a éliminé de ses compositions toutes glose picturale superflue pour atteindre une sorte « d’insuffisance apparente ». C’est dans cette esthétique du re-trait, exprimé par une écriture topographique et matricielle, qu’apparaissent alors des motifs de paysages : ciel, nuages, lignes d’horizon, jardins, lotissement en friche.

BH Desrousseaux peint et transcrit en filigrane les temps et lieux de ses origines. Images tirant précisément toute leur force de ne point être trop travaillées, mais de rester suspendues comme des fragments de mémoire.